En ce début de mois de septembre l’été semble avoir résolument pris ses quartiers sur notre beau pays, les températures y sont estivales, les oiseaux chantent est le ciel et bleu ! Quelle douceur !
Pour les moins « chanceux » d’entre nous, le mois de septembre est le synonyme de rentrée scolaire.
Côté parents, cette période met fin à deux mois de casse-tête logistique passé à organiser les journées de nos chers petits anges. Mot d’ordre des grandes vacances : ORGANISATION. Le planning du centre aéré a remplacé celui de l’école et de la garderie. Tout du moins pour le mois où nous devons encore travailler alors franchement nous n’avons qu’une hâte, c’est de les rejoindre pour ne jamais les quitter ! Mais n’étant pas franchement millionnaire, il nous faut l’admettre, nous devons travailler pour les élever.
Mais que dire des après-midis passés à leur côté lorsque batifolant dans les vagues, ils nous regardent les yeux remplis de sable et de sel –oui vous leur avez dix vingt fois de s’éloigner un peu du bord de la plage précisément à l’endroit où les vagues viennent s’écraser sur le sable : peine perdue -pour notre plus grand bonheur et surtout pour le leur !
Mais pourquoi grandit-on ?
Telle est la question. Certains diraient probablement pour avoir le loisir d’être stressés par un travail prenant, pour payer nos factures et manger à notre faim… Vu sous cet angle, le raisonnement est implacable !
En résumé le bonheur d’être parents est intense, celui c’être enfant inoubliable !
Ah quel luxe celui de l’innocence !
Mais l’échéance approche et maintenant la rentrée des classes se compte à rebours en doudous… pour se réduire à peau de chagrin !
Plus qu’un doudou !
Le cartable est prêt au pied du lit, nos petites têtes blondes mi- résignées mi- angoissées.
Le matin du jour J, c’est à nouveau l’effervescence, celle des grands jours que nous avions un peu oubliée durant ces doux mois de chaleur estivale et de vacances.
Les tartines se font à la chaîne, tombent à l’envers sur le joli tee-shirt de « rentrée ». Les cheveux hirsutes et les yeux rougis. Les traits sont un peu tirés… que c’est dur de grandir !
Trois quart d’heure plus tard, tout le monde est sur le pont. Et puis le moment tant redouté et arrivé. Les câlins s’enchaînent les yeux deviennent humides, parents comme enfants. Et puis, parce que c’est formidable d’être un enfant, son regard croise celui d’un copain et là les adieux sont très vite expédiés un bisou, une caresse sur les cheveux et hop, plus personne.
Au loin, un cartable beaucoup plus grand que la progéniture qui le porte, rappelle que le temps passe trop vite !
Votre journée est plombée ? Pas la sienne, c’est l’essentiel !
Vous rentrez tranquillement, car en bons parents vous avez posé un jour de repos, on ne sait jamais…
Un arrêt rapide chez le buraliste sur le retour remet les choses à leur place ! Férocement !
S’étalant sur les présentoirs à l’entrée de la petite boutique la photo d’un cadavre rejeté par des eaux meurtrières !
Aujourd’hui un enfant de trois ans ne connaîtra pas la petite angoisse de la rentrée des classes et de mots rassurants pour l’encourager.
Il est né dans un pays en guerre et vient de mourir avec son frère et sa mère. Ils se sont noyés dans la mer méditerranée alors qu’ils tentaient de conquérir une liberté qu’il n’a pas eu le temps de connaître. Seul son père a survécu.
Force est de constater que la litanie arythmique des personnes mortes dans des conditions similaires, distillée durant les journaux télévisés ne semblait plus vraiment faire événement dans nos esprits de vacanciers reposés.
Et si le monde avait fini par s’habituer à l’insoutenable ?
Il semble que pour la communauté internationale comme pour les opinions publiques, dans leur ensemble, se soit la photo de trop.
Les dirigeants de tous les pays membres de l’Europe sont réunis en conclave !
Rien que ça !
Les costumes sont impeccables, les mines graves !
Il aura finalement fallut voir la photographie d’un enfant mort noyé, rejeté par la mer pour que le monde entier s’indigne ENFIN du sort réservé aux personnes fuyant les bombes, la destruction et l’horreur d’un conflit armé à quelques heures de nos capitales.
Les voitures diplomatiques s’avancent et se succèdent.
L’accueil des réfugiés est devenu « Le » sujet d’actualité du moment et s’impose dans la conscience collective après qu’un enfant mort soit devenu le symbole à titre posthume (mais combien sont morts avant lui et pire encore combien mourront après lui dans l’anonymat de la guerre ??) de notre époque.
Les lignes commencent à bouger, subitement, fébrilement.
Les débats commencent, les réunions aussi mais déjà certains dirigeants toussent et exhortent les autres pays désireux d’agir (non par grandeur d’âmes mais par pragmatisme politique et démographique) de ne pas continuer à accueillir les personnes vulnérables sur fond de relents nationalistes et prennent la décision d’ériger des murs.
Comme si l’histoire récente n’avait pas démontré qu’un mur peut se franchir et peut même s’effondrer.
Certains policiers européens n’ont pas eu meilleure idée que de marquer à l’aide d’un marqueur des hommes, des femmes et des enfants pour les identifier plus facilement…
Cela ne me rappelle rien, vous si ? Vous avez résolument l’esprit bien cynique !
La question maintenant est de savoir combien de temps encore l’Europe et la communauté internationale vont- elles regarder pudiquement dans le sens opposé à celui d’un pays martyrisé ?
Résolument européenne et fière des valeurs que notre vieux continent véhicule, je n’en demeure pas moins honteuse et indignée d’avoir regardé le corps sans vie d’un enfant de trois ans échoué sur une plage de Turquie !
Destins croisés d’enfants nés dans deux pays différents : l’un en guerre l’autre pas !
Imogène
I.M.O