Après plusieurs jours de polémique autour d’un animateur dont les tribulations et autres gesticulations ont été maintes fois pointées du doigt, j’ai décidé de voir le dernier épisode désastreux d’une trop longue liste.
Je dois dire que je suis consternée.
Tout d’abord par le fait qu’un animateur de mon âge, de ma génération, trouve drôle des blagues d’un niveau de cours de maternelle… allez sans être trop dure, je dirais de cours élémentaire. Ensuite ce que j’ai du mal à comprendre, c’est comment l’orientation sexuelle d’une personne peut-elle encore faire rire aujourd’hui.
Je suis de la génération SIDA, des actions coups de poings d’ACT’UP, de la libéralisation de la parole, des radios libres, de la génération pour laquelle baiser ne serait plus jamais synonyme de simple plaisir, mais aussi celle de danger mortel pour tous, homos comme hétéros.
Je suis aussi de cette génération qui fait ce qu’elle veut avec qui elle veut, et quand elle veut, sans subir l’opprobre de la majorité des biens pensants, parce qu’elle s’en moque !
Je suis hétérosexuelle, j’aurais pu être homosexuelle. Parce que mes parents sont ce qu’ils sont, cela n’aurait posé de problème à personne. Car l’amour s’est un peu comme « Fight club » ; la seule règle c’est qu’il n’y a pas de règle (sauf celle du consentement bien sûr) !
Aujourd’hui, les filles qui aiment des filles, des garçons qui aiment des garçons, des filles et des garçons qui aiment des filles et des garçons ce n’est plus un problème. Enfin pas pour moi et je pensais bien naïvement que c’était la même chose pour tout le monde.
Et bien je me fourvoyais !
Je découvre, stupéfaite, que des personnes hommes ou femmes, encore, aujourd’hui, rient de la différence. Mais pas celle qui se voit, pas celle que l’on ne peut distinguer en un coup d’œil, non celle qui ne se voit pas, celle de l’intimité d’une chambre à coucher. Alors il est vrai que la bêtise crasse touche tous les milieux sociaux, toutes les catégories sociales, c’est un peu comme une sorte d’Internationale de l’imbécilité.
La concordance des temps produit parfois un effet miroir bien ironique.
Il y a quelques semaines, j’ai publié sur ma page Facebook l’image d’un Vladimir Poutine fardé sur fond de drapeau multicolore, pour protester contre la politique homophobe menée en Russie et en Tchétchénie.
Je dois avouer que je n’avais pas pris conscience que dans mon pays, un clown pas très drôle, un clown pas très doué et un peu limité, allait rire de l’homosexualité d’un jeune homme, car pour moi l’orientation sexuelle est un non sujet et de fait pas très drôle.
Sur cet amer constat j’en terminerai par-là Monsieur H, je ne vous ai jamais trouvé particulièrement drôle, mais parce que personne ne m’oblige à vous regarder, votre cas me laissais jusqu’ici parfaitement indifférente. Aujourd’hui même si je suis consternée et affligée, je dois vous remercier, car grâce à votre stupidité, j’ai compris que le chemin était encore très long pour faire progresser les mentalités. De cela je vous remercie. Pour le reste tout est dit.
Imogène
In My Opinion
