Cher François,
J’ai décidé de vous écrire car depuis une semaine la presse n’a d’yeux que pour vous.
Alors, parce que je suis une française moyenne, j’ai décidé de m’intéresser à la primaire de la droite.
D’abord j’ai noté que nous avions un point commun en dépit d’une idéologie politique différente.
Car même si celui-ci ne sautent pas aux yeux (je suis une femme de trente et quelques années qui a grandi tranquillement à l’abri du racisme, de l’intolérance et la haine dans un milieu post soixante-huitard) ; il est vrai que je préfère écouter France Inter que regarder KTO TV, que je préfère un bon couscous avec Fatima à une blanquette de veau en compagnie de Ludovine portant un serre-tête qui lui comprime tellement celle-ci, qu’elle ne parvient plus à réfléchir, et se lance dans une logorrhée verbale aux relents indécents sur la famille.
Notre point commun se situe outre-manche.
En effet nous aimons tous les deux la Grande-Bretagne ; à ceci près que vous aimez Maggie (il ne s’agit malheureusement pas de la sœur de reine, car cela aurait constitué un autre point commun, mais bien Miss Maggie, celle de la chanson) alors que je suis lui préfère Sid (Vicious, pour ceux qui n’auraient pas suivi !) Vous marquez un certain goût pour la brutalité sociale alors que je préfère celle blasphématoire des punks se faisant l’écho d’une réalité sans espoir.
Alors j’avoue que Margareth a le charme désuet de tata Claudette, et que cela la rend un peu plus sympathique à mes yeux. Et puis avec sa choucroute capillaire impeccable, et sa poigne que j’imagine volontiers virile, elle en imposait !
Bon François, il faut que je vous avoue quelque chose, ne le prenait pas mal, mais je crois, non pardon, je suis sûre que vous porterez beaucoup moins bien les boucles d’oreilles et les broches en perle que votre modèle. Et puis, franchement, j’émets un sérieux doute sur le brush de cette dernière. Non, vous ne pouvez pas vous identifiez à elle ; cela reviendrait à transformer vos challengers en gentils chatons qui vous regarde avec douceur, et cela ne serait pas crédible deux secondes !
J’ai donc continué à lire votre programme.
Doucement, sûrement, avec beaucoup d’attention.
Je savais que nous ne saurions pas d’accord sur un certain nombre de points, notamment sur l’économie, le nucléaire ou encore sur la durée du temps de travail… mais ne croyez-vous pas être allé un peu loin en faisant revenir sur le devant de la scène les militants de la manif pour tous ? Vous n’êtes pas vraiment sérieux ? Il doit y avoir une coquille (la plèbe gauchisante et malpolie aurait probablement dit une couille dans le potage, mais bon vous êtes un homme raffiné et polie).
J’avoue que je ne comprends pas vraiment l’obsession de vos partisans sur la question du mariage pour tous.
C’est vrai après tout les gens font ce qu’ils veulent dans leur sphère privée et puis personne n’a demandé à des représentants de l’Eglise Catholique de célébrer des mariages homosexuels. Je me souviens d’un homme déclarant à un micro, qu’il ne comprenait pas ce que deux hommes pouvaient bien faire ensemble. Bon je pourrais lui expliquer, mais dans ce cas-là ma chronique serait classée X et tout le monde s’en fout.
Mon cher François sachez simplement que pour les gens de ma génération l’homosexualité n’est pas un problème, la couleur de la peau ne l’est pas non plus, en revanche le chômage, les discriminations, les travailleurs pauvres sont de vrais problèmes.
Deux hommes ou deux femmes qui s’embrassent dans la rue ne me heurte pas, un homme ou une femme qui meurt de froid et/ou de faim dans mon pays, me choque et m’indigne !
Une femme qui avorte, cela ne me choque pas, en revanche une femme seule qui dort dans sa voiture avec ses enfants et qui n’a plus rien, ne sait pas comment s’en sortir, et que les services publics laissent seule, me choque.
Les expulsions de réfugiés alors que certains d’entre risquent leur vie dans leurs pays cela me choque, et pas qu’ils se prénomment Mohammed, Fatia, ou Elena !
Alors, cher François, j’ose espérer qu’il ne s’agit aujourd’hui que d’un programme fantoche, comme celui de vos prédécesseurs, qui se heurtera à la pratique du pouvoir à défaut de se heurter à la rue.
Votre vision de la société sent la naphtaline, avec quelques relents putrides d’extrémisme.
Honnêtement j’ose espérer que vous valez mieux que cela.
Je vous souhaite néanmoins une bonne continuation en espérant que vous n’accéderez pas à la fonction suprême avec un tel programme.
Imogène
In My Opinion