Le bio et moi

Après quelques atermoiements, j’ai enfin décidé de manger responsable et de faire un peu plus attention à la planète et à son futur pour ne pas dire notre futur.

Aux grandes résolutions, les grands moyens !

Je déclenche donc l’«Opération CHASSE A LA MAUVAISE BOUFFE» !

Je commence donc naturellement par faire le tri dans mes placards.

Tout d’abord je découvre que la plupart des denrées entreposées au fond de ceux-ci sont très largement périmées et que pour certaines d’entre elles, je dois regarder l’étiquette pour savoir ce qu’était la nourriture de départ, parce que sans cela, et à moins d’appeler l’équipe de GRISSOM*, je ne vois pas comment procéder à l’identification.

Une fois cette étape terminée, je décide donc de me rendre à grandes enjambées écoresponsables, comme poussée par un petit vent vert, à la superette bio qui vient d’ouvrir au bout de ma rue.

N’ayant pas encore acquis les réflexes bio-responsables, je m’aperçois que je n’ai pas prévu  de sac recyclable (et oui je faisais jusque-là mes courses au drive d’une grande enseigne et à part prévoir le coffre de ma voiture, ce genre de considérations me passaient totalement au-dessus de la tête),  mais pas de soucis le magasin dispose d’un arsenal de sac à commissions.

Je me saisis d’un joli petit panier aux couleurs attirantes, fait dans un matériau recyclé et me lance dans cet univers dans lequel les personnes présentes ont l’air apaisé et serein.

Je prends du pain, des céréales, dis pardon à une dame après lui avoir posé mon panier sur les orteils, et tente une plongée dans l’univers merveilleux des fruits et légumes.

Première impression à l’approche des cagettes en carton, les poires sentent… les poires, les pommes sentent les pommes et tous les autres fruits sentent ce qu’ils doivent sentir. Ces senteurs me font bien malgré moi faire un voyage dans le temps de plusieurs décennies, lorsque enfant je secouais le prunier dans le jardin de mes parents pour en manger les fruits qui venaient de tomber, ou encore des figues de ma grand-mère que j’ouvrai d’une main experte, avant de les engloutir jusqu’à l’inévitable mal de ventre qui ne manquait pas de m’assaillir quelques heures plus tard.

C’est donc cela être éco-citoyen responsable. Une sorte de « hugg** » danois version citadine.

La sérénité m’assaille.

Je continue mes emplettes par le rayon des cosmétiques et découvre avec surprise des produits très plaisants et abordables. Allez hop dans le panier.

Je termine par le rayon frais.

Je me dirige ensuite vers les caisses.

La file d’attente fort longue, malgré les trois caissières qui ne me semblent pas plus heureuses que celles de ma grande surface habituelle, pèsent, tapent les prix, demandent confirmation aux clients s’agissant des graines se trouvant dans les sacs de papier brun qu’ils déposent en nombre sur le tapis non-roulant de la caisse.

Tout cela me laisse le temps de poser mes yeux sur les rayons à proximité.

Aux détours de rêveries, et comme la file d’attente ne semble pas beaucoup bouger, je m’aperçois tout à coup que je me trouve dans un autre monde. Ni mieux, ni moins bien que celui dans lequel j’évolue habituellement.

A la caisse par exemple les caissières demandent aux clients s’ils ont la carte de fidélité, comme dans n’importe quelles grandes surfaces, mais là nous sommes écoresponsables et en lieu et place des points de fidélité habituels permettant des réductions,  ici ils permettent de planter des arbres ou des légumes.

Un peu plus tard, toujours dans la même file d’attente interminable et quasiment immobile, mon regard se pose sur un pot de miel vendu plus de dix euros les 250 g. Je demande à la personne qui est en train de les mettre en rayon juste à côté de moi, ce qui justifie ce prix. Elle me regarde alors d’un air  méprisant en me disant qu’il est biologique comme si cette explication justifiait son prix. Je lui demande alors si les abeilles sont confinées ? Il ne s’agissait pas d’une blague, dans mon esprit les abeilles butinent et je ne voyais pas comment l’on pouvait être sûr qu’elles aient butiné uniquement des fleurs biologiques. Elle me rit  au nez en me disant « On voit bien que vous ne connaissez rien à l’écosystème vous environnant ! » puis elle s’en va.

Je n’aurais pas de réponse à ma question.

Je continue d’attendre dans cette file qui commence franchement à avoir raison de ma patience. Mais vraisemblablement je suis la seule à m’impatienter. Tous les gens autour de moi, et je compte les enfants en bas âge dans leurs poussettes et les autres plus grands debout, sont calmes et prennent leur mal en patience dans un silence quasi religieux.

Je prends mon mal en patience et continue mon exploration oculaire.

Mes yeux se posent alors sur l’étale de fruits et légumes juste à ma gauche. Là quelque chose me saute aux yeux que je n’avais pas remarqué. La majorité des fruits et légumes sont certes issus de la culture biologique mais viennent de contrées aussi exotiques que l’Afrique, le Pérou, l’Argentine, l’Espagne ou encore l’Italie.

Je regarde de plus près, au-dessus des cagettes la petite affichette explicative;  il est précisé que si les fruits et légumes viennent de loin, le supermarché s’est engagé à les acheminer par la voie la moins polluante.

Là je laisse échapper un LOL un peu sonore. Ce qui ne manqua pas de provoquer le courroux de la personne derrière moi, une sorte de grande gigue d’une cinquantaine d’années, bijoutée et emparfumée d’une fragrance d’un grand créateur parisien reconnaissable entre  mille autres et certainement pas issue de l’agriculture biologique.

Je la regarde incrédule.

Elle me balance alors : « Ah les bobos ! »

Je lui rétorque alors un « Vous trouvez justifié de faire venir des légumes de l’autre bout de la planète alors qu’ils pourraient pousser ici réduisant ainsi la pollution atmosphérique et le coût du prix de vente ? »

Elle me regarda et me lança un sourire, enfin plutôt un rictus méprisant et regarda au loin devant elle.

Là je commence vraiment à perdre patience.

Franchement, j’ai l’impression que les denrées sont fabriquées à cette foutue caisse.

Je regarde ma montre, cela fait bientôt une demi-heure que j’attends…

Lorsque mon tour arrive, la caissière fut à peine aimable lorsque je répondis que je n’avais et ne voulais pas la carte de fidélité pour le moment.

Elle me tendit, enfin le mot le plus juste serait « lança », mes petits sacs de papier brun que j’enfournai dans mon nouveau sac tissé en chanvre biologique.

Lorsqu’elle m’annonça le prix je cru que j’allais m’évanouir. Je savais que la nourriture issue de l’agriculture biologique était un peu plus onéreuse que celle issue de l’industrie agro-alimentaire traditionnelle, mais je n’avais pas compris que cela me coûterais un bras et le début d’une jambe.

Résignée je tendis ma carte bancaire, pris mes achats et repartie dans un monde un peu moins étrange pour moi.

A la suite de cette expérience, j’ai décidé de privilégier le circuit court, et l’achat de produits issus de l’agriculture raisonnée,  de préférence biologique, mais je n’ai pas souscris au tout biologique qui ne me semble pas pouvoir être possible du fait de la pollution atmosphérique et celle des nappes phréatiques.

Imogène

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Imogene

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