Je sors de chez moi, un matin normal, identique à des centaines, des milliers d’autres.
Mais quelque chose a changé !
Il me faut quelques secondes pour réaliser… il n’y a plus de voitures dans ma rue !
Chouette, je vais pouvoir garer la mienne juste en face de ma porte d’immeuble ! J’adore mon quartier !
Et puis stupeur ! Ma voiture n’est plus là non plus ! Je tourne sur moi même, à la manière d’un chien tentant d’attraper sa queue. Je croise un voisin et lui demande où sont passés les véhicules ; l’air amusé il me regarde et baisse le regard sur ses pieds. Je l’imite. Rien de particulier, il a deux pieds et de très jolies chaussures vernies. Mais quelle est donc cette inscription blanche ? Là je comprends (c’est écrit sur toute la longueur de ma rue) stationnement payant zone 5.
Non, mon cher Maire, avec lequel j’entretiens une relation de respect et de confiance virtuelle, n’aurai pu me trahir de la sorte ! C’est impossible !
Moi qui lui suis fidèle depuis des années, qui paie mes impôts, mes amendes, ma taxe d’habitation… Il n’aurait pas osé…
Ah oui, vraiment ?
Après un rapide coup de fil au service de la fourrière, j’apprends que ma voiture a bien été enlevée à 23 heures la veille. La raison ? Il est très difficile pour les services de la mairie en charge de la voirie de peindre sur le bitume sans déborder du cadre lorsque des véhicules y sont stationnés. Alors dans la mesure où elle entravait l’expression de « l’art bitumal », ABRA CADABRA elle a disparu !
Je dois admettre que les lignes indiquant le nouveau stationnement payant sont particulièrement droites et appliquées. Un vrai travail de professionnel !
Après avoir indiqué à mon boss que je ne pourrai être au bureau avant le début de l’après-midi, je récupère ma voiture et fais une halte par le service administratif concerné, où je suis accueillie par une délicieuse personne dont l’expression du visage indique immédiatement que vous l’énervez (ou que vous allez l’énerver) et qui fini par me délivrer (au bout de trois-quarts d’heure) le sésame tant attendu : un petit bout de carton rouge sans prétention à glisser derrière la vitre de mon pare-brise, dans la petite pochette en plastique autocollante, généreusement offerte par la mairie !
Ils savent me parler !
A mon retour, je me gare donc devant ma porte (plus de problème pour trouver une place grâce à Monsieur le Maire). J’installe le fameux carton rouge qui signale que je suis maintenant habilitée à stationner dans ma propre rue sans risque d’enlèvement sauvage. Me voila donc abonnée pour un mois renouvelable jusqu’à ma mort !
Mais deux mois plus tard en sortant de mon immeuble… un petit papier jaune (visqueux, collé sur mon pare-brise par la pluie) m’informe de ce que j’ai été destinataire d’une amende… de stationnement !
C’en est trop !
Retour à la case service compétent de la mairie, qui m’apprend que je suis redevable de la somme de 17 € au motif que mon stationnement n’était valable que jusqu’à minuit la veille… Il est 9 heures du matin !
Dommage !
Désormais en plus de payer divers impôts, j’ai le plaisir de payer mon abonnement de stationnement tous les deux mois pour épargner à mon véhicule un autre voyage en camion-fourrière et éviter ainsi de voir émerger une jolie forêt de papier jaune sur mon pare-brise. Prévoyante et futée, j’ai enregistré un rappel sur mon téléphone portable pour ne pas oublier de renouvellement mon abonnement.
Mais le plus important dans cette histoire, c’est que la peinture indiquant que délimitant la zone payante est d’une exceptionnelle qualité et les caractères (de majestueuses lettres bâtons) sont d’une netteté irréprochable !
I.M.O.
Imogène