Malheurs et déboires…

            Alors que les chaînes d’informations diffusent, en cette fin du mois de juin ensoleillé des nouvelles dramatiques… des morts par dizaine dans une station balnéaire tunisienne, une mort atroce dans un village français et un navigateur disparu dans un coin paradisiaque, ce vrai malheur côtoie dans nos existences de petits déboires biens plus modestes.

             Mais finalement, aux fous furieux radicaux voulant plonger notre existence dans le noir et l’abîme de l’inculture ou d’un culte piétiné, la seule réponse ne serait-elle pas les petits malheurs sans conséquence et inconséquents de notre vie quotidienne ?

             Ma réponse est affirmative. Et pour illustrer mon propos voici les tribulations d’une victime capillaire !

             Je me faisais une joie de changer de couleur de cheveux ! Si si, certains d’entre nous  ont ce genre de préoccupation primaire et futile ! Vous riez, levez les yeux au ciel… et pourtant !

             Eh bien oui, dans mon existence de petite bourgeoise moderne je m’aventure à l’expérimentation pigmentaire et capillaire. D’un ravissant blond, dont je tenais à me débarrasser avant d’affronter l’ennemi numéro  de toute peroxydée notre adversaire déclaré : j’ai nommé le chlore, (combien de fois n’avons-nous pas regardé d’un air un  peu moqueur (car pas encore concerné par le problème) une victime blonde sortir d’une piscine dans laquelle elle barbotait gentiment depuis quelques heures les cheveux non plus couleur des blés mais bleu tirant vers le vert anis ? Les plus honnêtes d’entre nous le reconnaîtrons.

                J’ai donc décidé que ma couleur capillaire estivale serait le roux.

                 Mais pas n’importe lequel, le roux irlandais !

              Rien que ça ! Prête et  gonflée à bloc, je prends donc rendez-vous chez ma coiffeuse (très compétente), patiente gentiment pendant quelques minutes et hop tout s’accélère : j’enfile la blouse, prends la serviette entre mes mains la positionne moi-même sur mes épaules, ôte mes boucles d’oreilles… et l’artiste commence à peindre mes racines, puis mes pointes je suis à bout de l’excitation et malgré les 35 ° C à l’ombre, je me précipite sous un casque chauffant pendant 30 minutes. Je ne bois rien, ne fais rien d’autre qu’attendre que le temps s’écoule. Un luxe que je m’accorde de temps à autre !

             La minuterie sonne. Je saute, me redresse, l’artiste enlève le casque, désigne du bras le lavabo et hop, shampoing, masque et autres petites attentions bien agréables après une journée de travail… elle essore enfin ma chevelure et m’indique une chaise sur laquelle je prends place et … Oh misère !!!

           Le reflet dans le miroir est stupéfiant, en lieu et place du délicieux roux miel-carotte choisi un peu avant, je me retrouve avec une tignasse de feu virant clairement sur le rouge (au moins je n’aurais pas à craindre le vert anisé cet été, c’est une certitude !).

             Malheur, déboires !

          Je lui demande ce qui s’est passé et amusée elle me répond qu’il ne faut pas que je m’inquiète car cela va considérablement éclaircir avec le temps… oui avec le temps sûrement mais moi je ne l’ai pas le temps ! Je suis une petite chieuse qui avait une idée précise en tête !!!

             Je sors du salon contrariée et folle de rage.

             Reprenant un peu mes esprits, je deviens magnanime ; elle connaît son métier et l’exerce avec talent. Je décide de me ranger à son avis et laisser le temps faire le reste.

       Quoiqu’il en soit, je reste aujourd’hui plus qu’hier, absolument convaincue que c’est avec nos petites préoccupations quotidiennes, futiles et narcissiques que la résistance aussi s’organise. On peut tenter de prendre notre liberté et instiller la peur dans nos esprits mais ce que nous devons garder, outre l’amour propre de nos chevelures, c’est ce dernier empli de ce qui fait de nous de simples mortels jouissant de notre chère liberté sans crainte, même si cela se résume en ce moment à une mésaventure capillaire !

I.M.O

Imogène (presque rousse)

Imogene

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *