En ce début de période estivale, j’ouvre un magazine féminin entourée de ma limonade (que je n’ai pas faite) et de mon ventilateur (oui j’habite au deuxième étage exposé plein sud).
Affalée sur mon canapé, vêtue de ma longue robe de lin, je m’apprête à pénétrer dans le monde merveilleux des vacances.
Sirotant mon verre doucement, j’entreprends de compléter un test psychologique de la plus haute importance : « Quelles Kardashian êtes-vous ? ». Cela promet d’être intéressant.
Je me lance.
La première question est en relation avec notre série préféré étant enfant ; euh la mienne n’est pas citée, ça commence bien, je me rabats sur Wonder Woman.
La deuxième question elle est en lien avec le parcours féminin que j’admire le plus (bon il n’y a ni Marie CURIE, ni Agatha Christie ou encore Eleanor Roosevelt dans la liste) entre Carole Middleton, Ellen de Generis ou Paris Hilton ? Là je reprends une gorgée de limonade qui goûte encore une fois sur ma robe claire… je réfléchie… un peu… et choisie Ellen de Generis.
S’ensuit une série d’autres questions dont je vous fais grâce.
Le verdict tombe : je suis Khloé Kardashian… Je suis totalement perplexe. Non seulement elle fait trois fois ma taille et deux fois mon poids (bien qu’elle ait beaucoup maigri !) mais je ne crois pas être de cette trempe… je suis contrariée… J’avoue j’aurais préférée être Kourtney…
Je replie le magazine avec humeur.
Mais que sont devenus nos tests d’antan ? les Cosmo tests ? Vous savez ceux qui nous disaient quelles amoureuses nous sommes (sauf que lorsque je remplissais le questionnaire j’avais 12 ans et que cela n’avait pas grande signification), ou encore ceux qui nous permettaient de savoir de quel personnage célèbre (auteur, compositeur, homme ou femme politique, personnages historiques) nous étions le plus proches pour changer le monde ou accomplir de grandes choses ?
J’ai dû louper un truc, car aujourd’hui je suis Khloé Kardashian.
Mais c’est peut-être cela l’évolution des femmes, n’en déplaise à certains (e).
Il y a peu de temps, le président américain (Monsieur cool-attitude) a annoncé que le visage d’Harriet Tubman serait présent sur tous les billets de 20$. Cette militante de l’abolition de l’esclavage devient un personnage incontournable des Etats-Unis au même titre que Lincoln ou Jefferson.
Pendant ce temps en Europe, sa gracieuse Majesté* pose pour une série de portraits résolument modernes. Elle ne fait pas l’histoire, elle EST l’histoire. Alors que beaucoup se demande quand elle va se décider à passer la main à son fils aîné, elle reste, stoïque, tient les rênes de sa couronne, et de son royaume.
Une autre femme tient le coup : Hillary Clinton.
Elle n’est pas l’histoire, mais elle la fera… peut-être. Comme Barack Obama avant elle, la cool-attitude en moins.
D’ici quelques mois elle sera peut-être la première femme présidente des Etats-Unis d’Amérique.
Pendant ce temps au Pakistan Qandeel Baloch, loin des femmes de pouvoir, cette jeune femme autoproclamée la « Kim Kardashian » pakistanaise est morte, tuée par les mains de son frère… pour un crime d’honneur. Lorsque la police a interrogé son meurtrier, celui-ci a tout simplement déclaré : « Bien sûr que je l’ai étranglée », comme une évidence.Cette jeune femme avait manifestement une autre forme de pouvoir, celui de faire peur au plus bornés. Elle avait le pouvoir de dire et de faire savoir qu’elle existait en tant que femme et qu’elle s’assumait.
Au fil de mon article, une question a germé dans mon petit cerveau : Et si la liberté et l’émancipation des femmes passaient justement par la « bimbo-attitude » moquée dans nos pays occidentaux et pour laquelle l’on peut mourir dans d’autres ?
Etre une femme est certainement plus risqué dans certaines régions du monde que dans d’autres.
J’ai eu la chance de naître du bon côté de la frontière… mais pour combien de temps ? Après tout, il ne faut pas oublier qu’à Kaboul en 1970 les femmes portaient des mini-jupes…
Cela me laisse perplexe.
Je crois que je vais recommencer ce maudit test !
Imogène
In My Opinion
*ndlr : la reine d’Angleterre, Elisabeth II
